Casablanca
Pour l’homme solitaire, c’est élémentaire, que son corps s’assèche sans contact, sans carambolages.
Il grisonne tant ce manque le draine et il noircit comme une crevasse.
Adossé aux grands monuments il rêvasse.
Parfois il lève la tête.
Les nuages flottent dans l’air, le silence est d’or et l’air est humide.
Adossé à la fondation du réel, rien ne change sauf la teinte des cieux.
Parfois il sent l’air changer, devenir électrique et il pleut.
La plupart du temps il reste prostré en se couvrant les yeux tant son espoir s’est voilé.
Mais un jour l’air se charge de douceur et il sait. Le réel lui offre une œillade pleine de désir et son cœur éclate.
Ses yeux bondissent comme un rapace sur cette offrande.
C’est un échange intense d’énergie qui l’éveille au monde.
Il réalise qu’il s’est privé de tant de choses, de temps de défis. Il aimerait tant que celle qui l’a éveillé partage son initiation, mais il abdique, lui tourne le dos et reprend son voyage.
Un voyage d’ascète assoiffé. Les privations ont affiné son goût pour le contact humain qu’il vénère.
Tout ce qu’il a manqué a nourri son esprit de fantasmes.
Il mange des caramboles et conçoit mille carambolages baroques.
Ces rencontres imaginaires sont mille métaphores esthétiques incarnées dans la danse des corps, dans la
rencontre des êtres.
Les accidents du désir deviennent pour ce pèlerin le canevas d’une poésie de geste, d’une poésie sans mots, d’une poésie parfaite.