Le loup solitaire
Tu m’as trouvé sur mes terres d’exil
Je chassais l’ennui en avril
J’avais l’âme lasse et le cœur fébrile
Je portais le poids de mes transgressions
Et mon cœur était noirci par la mort
Tu m’as trouvé
Toi la bergère blanche
Celle que les bêtes louangent
Tu m’as offert
Un repas
J’ai tempêté au scandale
Je me suis rengorgé
Je t’ai menacée de mes crocs
Mais tu ne pouvais m’abandonner
Tu m’as apprivoisé
Toi l’infirmière lupine
Celle que les animaux charment
Tu m’as offert un toit
Tu m’as offert ta loyauté
Je t’ai chahutée, je t’ai trahie
En réclamant ta maison et ton cœur
Je t’ai attaquée, j’ai fugué
Mais tu ne pouvais m’abandonner
Tu m’as recueillie
Toi ma fidèle alliée
Le jour où j’ai perdu pied
Tu m’as soutenu, tu m’as rasséréné
Et doucement tu m’as pansé
Mais tu ne pouvais me garder
Tu m’as offert le souvenir de ta voix
Tu m’as offert le souvenir d’un poème
Et je suis parti
Le vallon vide m’attendait
Je suis son amant chaste
Depuis lors j’y vis
À l’ombre de ta chaumière
Nous nous croisons chaque semaine
Parfois je te lève le nez
Parfois tu m’ignores
Mais au fond tu sais que je suis
Ton loup solitaire
Ton loup apprivoisé
Ton ami