Puisque ceci sera la dernière trame que j’ouvrirai sur ce forum, je vais me permettre un sujet plus complexe. (Âmes amoureuses de la breveté s’abstenir)
La reconnaissance du racisme systémique est un enjeu qui m’interpelle personnellement depuis quelques années. Je suis particulièrement sensible à la réalité des personnes immigrantes qui ont choisi le Québec comme terre d’accueil.
Mon questionnement sur le racisme systémique a débuté avec la lecture d’articles comme celui-ci :
https://www.ledevoir.com/politique/canada/619860/au-sommet-sur-l-islamophobie-ottawa-s-engage-a-agir
J’ai compris qu’il existait dans notre société des préjugés tenaces. J’ai constaté que certaines situations se répétaient. Puis j’ai écouté le documentaire intitulé le Briser le code et j’ai réalisé qu’un sentiment d’exclusion existait chez plusieurs personnes issues de communautés culturelles. (Briser Le Code, (s.d.) )
Ces questions m’interpellent. Pour moi le racisme systémique existe. Le traumatisme de l’esclavage perdure. Penser que l’abolition de cet état en 1794 a tout réglé au Québec moi une erreur. (Trudel, 1960)
Il faut se souvenir que les manuels scolaires contenaient encore des contenus typés et défavorables aux autochtones et aux personnes noires aussi tard qu’en 1990. (Blondin, 1990) On ne se débarrasse pas d’un paradigme qui a été consacré comme quasiment incontestable pendant plus de deux cents ans (Britannica, 2021) ans en l’effaçant dans des livres. Il reste imprimé dans les mémoires des descendants des tous ceux concernés.
Les gens ne le savent pas, mais l’antisémitisme a existé au Québec. (Anctil et Robinson, 2015) Pensons seulement à la controverse entourant l’abbé Groulx ou aux chemise bleues d’Hadrien Arcan. (Anctil et Robinson, 2015)
Le racisme classant les gens selon leur couleur a figuré parmi les théories anthropologiques les plus sérieuses. On a enseigné cette théorie dans des universités. Immanuel Kant qu’on fait lire relire dans les fac de philosophie était de fait anthropologue et a écrit des traités ou il est dit que les africains ne devraient jamais émigrer ailleurs et qu’ils ne possèdent pas d’élan naturel vers l’activité. (Kleingeld, 2017)
Pour moi il existe encore une trace de tout ça aujourd’hui, même si on ne veut pas reconnaître la prégnance de nos préjugés sur nos actes. (Lavabre, 2020)
Cette trace est psychologique et socioéconomique.
Quand une personne noire se fait arrêter par la police qui la soupçonne sans preuve d’un crime parce qu’elle conduit une mercedes, n’est-ce pas un préjugé qui parle de la condition économique de cette communauté, de toute l’Afrique subsaharienne?
Le colonialisme était un système d’exploitation pernicieux sous bien des aspects. Nous aimons, nous les canadiens-français, penser que nous en étions les victimes. Mais je pense que nous en étions aussi les complices. Nous avons profité des bénéfices de ce système du fait de notre communauté de culture avec l’empire britannique, du fait de notre soumission aussi, nous avons évité bien des massacres qui ont sévi ailleurs.
Le Canada n’est pas une terre d’esclavage et ne possède pas de communauté qui a été négligée économiquement après l’abolition de l’esclavage en 1794.
Par contre le Canada est une terre d’exil pour ses premières nations qui sont reléguées au rang de communauté prisonnières.
Le peuple canadien-français, d’obédience catholique a laissé le clergé enfermer des enfants dans des pensionnats terribles. Ils ont été privés de liberté, abusés physiquement, sexuellement, isolés de leurs familles.(ICI.Radio-Canada.ca, 2021)
Est-il surprenant de constater que les communautés autochtones manitobaines sont les moins bien nanties aux Canada? Je dirais que non. N’oublions pas que le Manitoba est le dernier territoire ou a eu lieu une guerre entre des résistants autochtones et le gouvernement canadien.
Je pense que derrière le racisme systémique se cache la guerre. C’est une guerre mondiale et larvée. Cette guerre a asservi et traumatisé des populations. Expropriées, ces populations se sont trouvées appauvries et exclus du nouveau système qui a présidé à leur éviction.
Nous n’avons pas fait mieux pour nos autochtones que les américains pour les afro-américains après la guerre de sécession. La réconciliation n’a jamais eu lieu dans les deux cas.
J’ai commencé mon intervention en parlant des immigrants. Les données que j’ai trouvées confirment que la pauvreté et la précarité affectent de moins d’individus, mais que le rétablissement vers l’inclusion sociale est moins rapide dans ces communautés. Le désavantage existe. (Gouvernement du Canada, 2018)
Nos immigrants s’adaptent plutôt bien dans les circonstances, il semblerait. Il manque probablement d’autres indicateurs pour mieux cerner leur situation sous l’angle socioéconomique.
En conclusion, je crois que la reconnaissance du racisme systémique est un enjeu essentiel. Nous avons un devoir de mémoire pour les transgressions multiples du colonialisme qui a utilisé le prétexte du racisme pour exploiter et évicter des populations. L’appauvrissement moral et matériel de ces victimes a encore des conséquences aujourd’hui.
Il est impossible d’intervenir auprès de communautés si le lien de confiance n’est pas rétabli. La seule façon que nous pourrons intégrer les différentes communautés à notre société est si nous acceptons de traiter leur membre avec dignité et comme des égaux.
Il faudra aussi réfléchir à l’idée de compenser d’une façon ou d’une autre les victimes du racisme systémique. Établir des programmes de discrimination positive me semble un pas dans la bonne direction. Par contre, il est vrai que la représentativité est meilleure actuellement dans nos institutions politiques que par le passé. Peut-être que des mesures ciblées seraient plus appropriées pour établir durablement une alliance entre les différentes communautés d’appartenance qui composent notre société.
Cette alliance serai plus facile à établir si nous ouvrons nos milieux de travails aux immigrants et aux autochtones.
Merci de m’avoir lu.
G.
Médiagraphie
Anctil, P., & Robinson, I. (2015). Introduction. L’antisémitisme au Québec. Globe : revue internationale d’études québécoises, 18(1), 13‑17. https://doi.org/10.7202/1037875ar
Briser le code. (s. d.). Briser Le Code. Consulté 17 septembre 2021, à l’adresse https://briserlecode.telequebec.tv/
Dumas, A. (2015). L’Église catholique québécoise face à l’antisémitisme des années 1930. Globe : revue internationale d’études québécoises, 18(1), 65‑85. https://doi.org/10.7202/1037878ar
Gouvernement du Canada, S. C. (2018, décembre 24). Les immigrants sur le marché du travail canadien : Tendances récentes entre 2006 et 2017. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/71-606-x/71-606-x2018001-fra.htm
ICI.Radio-Canada.ca, Z. J. et faits divers-. (s. d.). Les pensionnats autochtones en 7 questions | Pensionnats pour Autochtones : Macabre découverte à Kamloops. Radio-Canada.ca. Consulté 17 septembre 2021, à l’adresse https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1799250/guide-pensionnats-autochtones-reponses-questions
IRIS | Qu’est-ce que le racisme systémique? (s. d.). Consulté 17 septembre 2021, à l’adresse https://iris-recherche.qc.ca/blogue/qu-est-ce-que-le-racisme-systemique
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/qu-est-ce-que-le-racisme-systemique
Kleingeld, P. (2007). Kant’s second thoughts on race. The Philosophical Quarterly (1950-), 57(229), 573‑592.
Race—The history of the idea of race. (s. d.). Encyclopedia Britannica. Consulté 17 septembre 2021, à l’adresse https://www.britannica.com/topic/race-human
Racisme systémique : L’histoire pour mieux comprendre l’autre. (2020, novembre 30). Université de Sherbrooke. https://www.usherbrooke.ca/actualites/nouvelles/societe/societe-details/article/44046/
TRUDEL, M,(1960) L’Esclavage au Canada Français. Histoire et conditions de l’esclavage. Les Presses Universitaires Laval, 432 p.
Zoterobib : Fast, free bibliography generator—Mla, apa, chicago, harvard citations. (s. d.). Consulté 17 septembre 2021, à l’adresse