Pour Maman et pour papa.
Merci de m’avoir donné la vie.
Tout commence avec le parieur, cet aventurier qui a pris mille chance et qui fuit chaque fois que les choses sont trop difficiles. Un jour le parieur a rencontré une aventurière qui l’a mis au défi d’abandonner sa vie pour retourner à la terre. Cette femme est une battante, une aventurière, une solide, bref une badass, genre Tina Turner mixer avec Dolly Parton.
Le parieur accepte de relever le défi. Pour la première fois de sa vie il met son propre désir d’exploration en sourdine, il embarque dans le projet d’une autre personne. Les deux se trouvent un village et déménagent, ils coulent des jours heureux. Le parieur se sent plus libre que jamais, il se découvre une passion du jardinage. Tout va bien, mais dans l’air on sent l’électricité sèche de l’orage se profiler. Les mois de quotidien afaissent les défenses du parieur. Cet orage est noir comme la nuit. Toute sa vie il a vibré d’inconnu, suivi son instinct, fait bouillir son sang de désir.
Jolene, la voisine si belle lui rappelle ces voies de perditions, ces voies d’abandon et de fuite qu’il a emprunté toute sa vie. La badass, femme d’instinct, pressent l’idylle, la tromperie, mais ose pas le confronter. Finalement le parieur cède, leur couple est brisé.
La badass se trouve à la dérive, seule avec sa maison, ses enfants et son rêve. Personne à l’horizon, c’est la solitude, une prison. Puis un jour une amie l’invite dans une danse au centre communautaire. Elle trouve ça un peu quétaine mais décide d’y aller. Elle reste assise à une table, interdite derrière son verre. Des fois des mères passent, elle parle de son vécu, de ses enfants, du quotidien. Puis elle remarque un gars habillé en noir dans le coin de la salle. Le gars a une guitare dans le dos, il a l’air d’un prêtre ou d’un agent de pastorale. Elle la religion c’est pas son truc.
Elle veut vraiment pas que ce gars là lui parle, vraiment, vraiment pas. Il va surement lui parler de trucs qui dérangent. Mais la vie est comme ça. Des fois nos pensées sont si puissantes qu’elles traversent le mur épais de notre boite cranienne et deviennent des ondes que tout le monde peut capter. Et de fait, l’homme en noir a capté le message. Il se lève et s’assoit devant la badass. Un long silence s’ensuit. Puis l’homme en noir dégaine sa guitare et chante une chanson.
C’est une chanson triste. L’homme en noir connait la souffrance comme personne. Pour la première fois depuis le départ du parieur, la badass pleure.
À la fin de la chanson l’homme en noir lui tend la main. Ils sortent du centre communautaire et vont errer dans un stationnement. Ils parlent.
L’homme en noir est un vagabond, un père substitut, un amant substitut, un ami subtistut, mais il l’accepte. Un long échange s’ensuit. Des caresses aussi, de la tendresse. Le temps d’un soir ces deux êtres se retrouvent.
L’homme en noir éveille la souffrance refoulée de la badas et elle crie. Leurs blessures enfin à nue peuvent guérir. Puis l’homme en noir la conduit chez elle, souhaitant qu’elle gardera un souvenir positif de lui.
Il va poursuivre son chemin de petits moments magiques. Il espère avoir éveillé une petite flamme qui pourrait grandir, mais ne sait jamais si cet espoir est vain. Chaque fois il reprend sa guitare et épris de liberté il repart, vagabond sans famille.