Pour celui qui a fait la pire gaffe de sa vie,
Je pense à toi tout les jours.
J’abandonne une prière au vent :
Que ton créateur te libère de ce fardeau
et te change.
G.
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Le prisonnier racla les barreaux, mais personne ne répondit.
Le dernier flambeau s’était éteint le soir d’avant, mais personne n’était venu le rallumer.
L’homme émacié s’inquiéta.
L’avait-on oublié?
Allait-il mourir seul dans ce cachot, noyé par l’odeur de déféquas et de pisse.
Il cria.
Il obtint, pour seule réponse, que les éclats amoindris de son écho.
Il paniqua.
Les murs de sa cage formaient une épaisse carapace d’où il était impossible de s’échapper.
Sa panique le poussa à griffer les murs jusqu’à ce que ces mains saignent.
Il n’y avait nulle issue.
Sa vie s’achevait
Lentement.
Il aurait préféré pouvoir se pendre
Mais les geôliers lui avaient pris ses vêtements
Soudainement une figure se dessina dans l’obscurité
C’était soit une femme, soit un tigre.
C’est selon
Il ne s’en formalisa pas
Tout espoir était le bienvenu
Pour amadouer l’apparition
Il laissa sa voix s’apaiser
Puis Il lança dans son larynx des pensées tangentielles
Qui se déclinaient en rameaux rythmiques
Il espérait charmer
L’apparition se trémoussa sur le sol, comme un chat satisfait
Mais elle ne s’approcha pas
Le prisonnier comprit
Que cette apparition ne l’aiderait pas
Alors il résolut
De ne pas mourir seul
Il narra sa vie
À cette oreille qui se pointait au bout du couloir
Sans savoir si elle comprenait
C’était bon de pouvoir mourir dans un torrent de mots
Freud lui avait promis que les mots déchargeaient l’âme
Comme les cartouches déchargent le fusil
C’était vrai
Et alors qu’il se confiait sur sa crainte de la mort
Il se détendit
Et trépassa
Écrit au Patro Le Prévost en novembre 2018