Pour Michel.
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une façon de s’exprimer?
L’imprimante 3D continuait à gruger le plastique. Gaudreau lavait sa vaisselle. Il était revenu à Montréal depuis peu. Le gouvernement chinois avait mit fin à son contrat abruptement. Ça s’était passé environ un mois après que le mandat du Président Xi avait été prolongé.
Les relations avec l’administration Trump s’étaient détériorées. Gaudreau avait trouvé du bon boulot. Les purges de dissidents cachaient un processus occulte d’élimination de rivaux.
Les proches du président Xi avaient fait appel à ses services pour tuer plusieurs de leurs ennemis. Gaudreau avait accepté sans se poser de question. C’était ainsi depuis la Thaïlande, depuis la mort d’Évard.
La vie du mercenaire avait pris un tournant plus sombre. L’argent coulait à flot dans son compte illicite en Suisse, mais Gaudreau n’y trouvait que peu de consolation. Il s’assurait d’envoyer de l’argent à plusieurs organismes d’aide internationale comme human Rights Watch, l’UNICEF et Médecins sans frontières.
C’était une façon de compenser pour tout le tort qu’il causait.
Il se souvenait encore de la jeune enfant de Shangaï, de ses cris incessants, de son crâne écrasé sur le mur. Une larme lui venait chaque fois. Puis la dureté reprenait le dessus. La rage aussi.
La pièce venait d’être terminée
Il ne restait plus à Gaudreau d’assembler le tout pour obtenir son arme fantôme.
Gaudreau s’était installé dans Verdun, sur une des avenues. Il y avait beaucoup de criminels retraités parmi ses voisins, mais aussi bien des jeunes loup en quête de gloire.
L’argent et les stupéfiants changeaient de main. Gaudreau connaissait plusieurs vendeurs, faisait affaire avec les gangs, achetait la paix comme chaque membre de la communauté devait faire.
Il se tenait la plupart du temps tranquille. Il s’enfermait chez lui, lisait, faisait la cuisine.
Mais une fois de temps en temps, l’un de ses anciens complices se présentait, il prenait une bière avec lui. Des propositions affluaient.
Quelqu’un envoyait ses hommes. On voulait ramener Gaudreau dans la partie.
Mais lui n’y voyait pas l’intérêt.
Un instinct montait en lui alors qu’il faisait bouillir des patates.
Il fallait se préparer au pire.
La mort a souvent cet avent que les non-initiés ne peuvent pas reconnaître. C’est une brume invisible et sèche qui monte aux narines. On sent comme un petit arrière-goût de pourriture dans le palet. Notre corps tremble et nous pouvons presque voir la personne mourir derrière le voile insondable de nos nerfs optiques.
Puis, on tremblote et l’impression part. C’est un instant parmi d’autres, facile à classer dans les phénomènes insolites comme le déjà-vu.
Mais Gaudreau savait ce que ce pressentiment signifiait.
Un déchirement.
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Isabeau Larionova était morte.
Gaudreau se tenait au dessus du corps sans vie de la femme, son arme à la main.
Il avait trouvé son corps dans le frigidaire.
On lavait rouée de coup, on avait abusé d’elle, il était arrivé trop tard, comme d’habitude.
Mais il savait qui devait en payer le prix.
Pour la première fois de sa vie, Gaudreau hésita.
Il avait tant tué et tant réglé ses comptes au bout du fusil.
Pouvait-il à nouveau le faire?
Il abandonna son arme dans le frigidaire. Appela la police.
Ce n’était malheureusement pas son affaire.
Tuer ne règlerait rien.
Puis il résolut de s’engager au service d’un OSBL au Kenya.
Il savait qu’il devait changer de vie.
La mort d’isabeau était un signe.
Il soupira.
Les temps gris étaient à l’horizon, plein d’ennui et d’espoir.
Grandir.
Se choisir.
Cultiver la bonne terre, se garder des mauvaises herbes.
Tel serait son destin.
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