Mémentos-Librairie
Il n’avait jamais pensé à avoir un emploi. Travailler avait toujours signifié pour lui un espèce d’exil. C’était probablement parce qu’il avait commencé dans un parc. Un emploi qui en fait n’était pas si différent de la maison bouclée à double tour ou on l’avait élevé. L’auteur-amoureux avait quitté sa ville pour suivre celle qui était la femme de sa vie. Il s’était retrouvé à Verdun, là où tout est brun.
Les édifices dataient du début du siècle. Des édifices construits pour des ouvriers canadiens-français pauvres. C’était des niques à feu mal isolées, souvent avec du papier journal en fait. On trouvait partout des briques jaunes.
L’auteur-amoureux aimait ces bâtiments, il aimait son quartier pauvre. Puis un jour il entra dans une librairie au centre-ville. Des centaines de livres sur un mur l’accueillirent et il sut tout de suite qu’il voulait travailler là.
On lui fit une place, à l’entrepôt au début…puis devant le mur plein de livres. Ses collègues lui ressemblaient. Soudainement il écrivait beaucoup, plusieurs pages. On lui recommandait des livres qu’il aimait. Autour de lui tout le monde était unique et différent. Son meilleur ami était anglophone. Il passait une partie de son temps à converser avec un agent de sécurité grec.
Les grecs….quels numéros…..
Un autre agent de sécurité était un immigrant algérien.
Un Kabyle.
Depuis toujours l’auteur-amoureux se fascinait pour ces gens de l’Afrique du Nord. Il se trouvait interpelé par leur sensibilité, leur hospitalité, leur coté belliqueux… orgueilleux, leur affabilité. La librairie était sise sur la rue Sainte-Catherine. Les jeudi, l’ami anglophone de l’auteur-amoureux l’amenait au pub sur Peel.
Au fil des semaines et des visites, ils devinrent des habitués.
L’auteur-amoureux vivait une bonne partie de sa vie en anglais et il en était très heureux.
Il écrivit beaucoup de textes sur l’amour.
Mais le jour vint ou la fleur de l’amour s’étiola.
L’auteur-libraire se retrouva seul
Un deuil.
Mais en même temps une occasion folle de sortir de sa coquille, de connaître une nouvelle ville, de fréquenter tout de sortes de gens.
Il réalisa qu’il aimait servir les gens. Il était plus lumineux qu’il ne l’avait cru. Puis le moment vint de continuer son chemin. Pour devenir Badass comme l’amante discrète du paradoxe, il devait chercher d’autres défis….. Cacher sa nature d’auteur ailleurs. Il quitta la librairie avec ses textes, nostalgique mais plein d’espoir.