Mémentos- Prologue
L’écrivain-sournois s’était poussé en Gaspésie il travaillait sur la terre de son frère. Il s’était promis de ne pas écrire durant cette pause Mais il y avait trop d’exilées intéressante là-bas. Il y avait tout d’abord Alexie qui travaillait comme caissière à l’épicerie et qui avec son oeil croche se croyait maudite et unique. Il y avait aussi la voisine, une fille qui vivait dans l’action qui aimait l’alcool et qui s’occupait de dix ruches, de treize poules, de seize cochons. Une fille qui sacrait et parlait fort quand on lui demandait de raconter sa vie.
Pourtant l’écrivain-sournois décelait chez elle….une complication? Des histoires secrètes? Beaucoup de mirages? il n’en était pas certain. Lui était homme d’idée et de rêve, elle pionnière et femme d’action. Lui vivait une ascèse…il vivait en moine.
Elle aimait se mettre au milieu de l’action. Il pêchait tout le temps par excès de vocabulaire…de perfection. Elle lâchait des gros mots partout. Il aimait ce contraste. Il rêvait de lui montrer des textes. Il fuckaillait avec son propre style devenait plus pop. Mais c’était toujours pareil.
Il finissait son texte…était sur le point de cogner à la porte de la voisine, mais chaque fois, juste avant il fallait faire l’épicerie.
Alexie le regardait avec son oeil croche…
Et il se souvenait la fille aux yeux croches de la librairie à Montréal, sa jumelle cosmique.
Il était certain qu’Alexie était elle aussi secrètement auteur….
Savez-vous pourquoi?
Parce que la fille de Montréal était une auteur pas piquée des vers.
Une enfance remplie de tragédie….un oeil croche, ça marque sa fille.
Le regard sévère de la caissière rappelait toujours à l’auteur-sournois qu’il était loin du compte avec la voisine. Lui était genre….ch’sé pas…. Beaudelaire…elle ben…..Lisa Leblanc.
c’était pas évident….mais il aimait beaucoup écrire sur cette fille.
alors….ben il continua….En secret et penaud, il partageait ses écrits avec l’écrivaine de Montréal qui l’encourageait. Avoir des bon ex, c’est toujours utile.
Quand il sortait à la salle du pic, au bout du village, Il prenait une ou deux bières….et quand il était gerlot il écrivait des trucs sur son téléphone portable.
des trucs genre comme ça :
« Impuissant dans la nuit. L’homme s’était perdu. Il n’y croyait pas. Le ciel était si beau. Des enfants jouaient sur les tombeaux.
Il avait tant réfléchi la lumière sur les autres qu’il avait oublié d’en garder pour lui-même.
Et ce faisant son coeur noir, trahissait chaque soir cette générosité un peu fausse.
Pourtant il connaissait les caresses douces du vent, se délectait de la tranquillité des matins. Il était constamment entre deux chaises. Un chaise d’artiste rêveur qui voulait changer le monde et une autre de ver solitaire qui ne voulait ni être regardé ni devoir quoi que ce soit aux autres.
Il marchait du bout des pattes, se retenait sans cesse, se cachait. Puis une seconde suivante il échappait un grand hurlement dans la forêt.
Un jour il hurla le jour. Les verres vinrent. Son cri était beau comme de la musique.
Bien des verres avaient prêter une oreille à ses cris, de loin.
Il le savait.
Mais c’était des verres appartenant à d’autres. Mais de voir ces verres accourir vers lui, ça lui fit peur.
Il avait tant mordu. Tant hurlé pour les mauvaises verres qu’il ne se faisait pas confiance.
Alors il quitta la forêt.
Un jour il rencontra la verre à trois pattes. Son alpha l’avait blessée.
Le ver solitaire reconnu immédiatement cette similitude : la marque tenace de la défaite.
Cette verre réfléchissait la lumière, mais refusait d’en prendre le rayon plus puissant.
Le ver sut.
Il ne pouvait guérir sa blessure. Son alpha était trop proche.
Le ver solitaire se sentait une envie de tuer qu’il trouvait malsaine.
Alors il trotta vers l’horizon
Jusqu’au jour ou il se souvint
Qu’il était un ver solitaire tendre, doux et gentil. »
Et il les envoie à son ex. Et il se sent étrange….comme si c’était la mauvaise destination. Il sent pourtant que ce texte vient d’altérer son écriture pour toujours. Doit-il quitter la Gaspésie? Oui….. l’écrivain-sournois doit sortir de sa tanière pour naître au monde. Il doit prendre le risque d’écrire pour les non-initiés, les inconnus…..le monde.
Mais comment faire…. Il se questionne en levant le pouce sur la 132. Peut-être que la personne qui va le conduire à Québec saura. En attendant, il dégrise solide….mais il aime cet état. Les lendemains de veille…..son esprit atterrit. Il s’agite moins dans tout de sortes de royaumes imaginaires. La réalité restait fermement devant ses yeux. Une femme s’arrêta pour l’embarquer. L’auteur-sournois s’installa dans le siège du passager. Il se promis de se débarrasser de ses masques….. Il voulait juste cogner à la porte de la femme de la terre.
En tant que lui-même et revenu de son voyage…il adopta à nouveau son nom.