Voici que commence ma marche triomphale.
Derrière les manteaux les badauds s’émoustillent.
Je suis venu claironner un idéal forcené tissé de bleu et de rouge
Je suis venu blasonner une poésie Nordique
Aux voitures qui gravissent la côte Portland cette harangue bien sentie :
-Tout ce temps perdu à conduire agite le lac profond qui vous habite.
Nous sommes nés il y a des millénaires, apeurés par la nature.
La mort gisait partout autour de nous, les monstres attaquaient.
Nous étions nu et fragiles.
Puis nous sommes devenus forts.
Par la ruse, la force et l’intelligence.
Nous nous sommes construits des armures de métal roulantes.
Aujourd’hui nous nous demandons pourquoi ces armures nous vident et nous tuent.
Adorno et Horkheimer l’ont pourtant dit clairement. (1938)
Toutes nos machines sont nés de notre peur maladive de mourir.
En passant Tolkien est tout aussi d’accord. (c’est pas une affaire de foi)
La raison est reptilienne, c’est une défense.
Elle assoit notre survie.
C’est excellent.
Mais pour moi ce n’est pas suffisant.
Ce qui nous faut pour être heureux, c’est l’amour, le désir, la proie, le jeu.
Chaque jour je fais mes blagues phalliques et je chante seul au milieu des machines. Les gens, leur entendement dérobé par la centrifuge extrinsèque des engins ne me remarquent même pas.
Tout cet effort d’hyperperformance, de sacrifice pour gagner un confort qui condamne à l’absence, est-ce sensé?
Je lamente tout ce temps perdu dans une course folle à fuir des monstres vaincus depuis longtemps.
En même temps je sais que ma pensée n’est qu’une huile dans une machine qui me dépasse.
Je dois tout à la machine.
Mais tout de même, j’ai droit d’exister.
Je crois que la machine devrait nous servir.
Alors pardonnez-moi si je ne prends pas de voiture.
Pardonnez-moi de crier en dingue dans vos rues le pouvoir de ma dégaine!
Je ris en sale.
Je crée des histoires.
Je chante des chansons
J’ai du plaisir
Le reste importe peu.