Un jour un homme sage m’a dit que j’avais besoin de tranquillité.
Parfois je me dis que ma vie, je ne l’ai pas vécue, je l’ai attendue. J’ai passé mon temps à languir devant la bibliothèque ou lambiner sans broncher devant un abribus.
Pendant longtemps j’ai pensé que toute cette attente était quelque peu vaine. J’ambitionnais de faire changer les horaires de bus, je me flattais de trouver une façon d’arriver plus tôt à destination, de changer le monde pour qu’il me gratifie sans attendre.
J’avais gardé du monde qui m’entourait, rempli de publicités, de recommandations et de systèmes normatifs, l’idée que je devais performer, remplir mon agenda d’activités objectivement intéressantes, porter les vêtements les plus beaux, fréquenter des gens.
Je n’avais pas compris tout le goût, tout le sens, toute la tendresse qui pouvait infuser le silence, lorsque je n’ai rien à faire, lorsque je n’ai rien l’agenda, lorsque je n’ai nulle par ou aller.
Pendant longtemps je me suis démené comme un diable, refusant l’immobilité, je courrais vers l’avant en croyant me rattraper.
Pourtant j’étais ici tout du long….avec-moi-même. Tranquille, puissant, simple….
Tout ce qui me manquait c’était un espace à occuper, un silence à remplir de présence.
Un jour devant la bibliothèque je me suis rappelé à moi-même.
Et ce jour-là.
J’ai été bien.