L’irruption des hasards nécessaires
Un pitch de film par Guillaume Levasseur
Un agent d’immeuble part en voyage à la suite d’une accusation de fraude. Son obsession pour le succès et la reconnaissance l’ont poussé à coucher avec une cliente et à accepter sa proposition illégale d’investissement.
Le film s’ouvre sur cet agent en fuite, dans sa voiture, un paysage paradisiaque en arrière-plan. Il se dirige vers une montagne, se stationne, sort ses raquettes. Autour de lui, des familles, des hippies, des spirituels. Tous le saluent, mais lui les ignore, il monte les pentes, acharné, en compétiteur, sans se soucier des autres. Il se donne à fond.
En haut de la montagne, il rencontre un professeur d’école, lui parle, l’écoute, mais on le sens distant. Flashback sur sa vie d’agent d’immeubles, il est sleazy, menteur, séducteur. On le voit faire beaucoup d’argent. Il écoute le professeur lui parler de simplicité volontaire et acquiescer, un autre mensonge. Il offre sa carte à l’homme et continue sa randonnée.
En redescendant la montagne il trouve un endroit beau, pour la première fois il s’arrête, on sent qu’il se calme. Flashback : on le voit tenir une lettre de la cour et pleurer. On le voit coucher avec une de ses clientes. Plan de lui qui met des lunettes d’aviateur et qui part. On revient à lui qui descend la montagne. Il croise une fille belle et légère. Il lui dit bonjour, mais d’une voix altérée, fragile. Elle le regarde dans les yeux. Elle s’offre à lui, prête à commercer.
Il la laisse passer, veut l’ignorer. Il fait quelques pas, se retourne, puis va la chercher. Il l’invite à regarder le paysage. Elle est avocate, mais lui ne le sait pas. Tout ce qu’il sait c’est qu’elle est la femme et il est l’homme et qu’ensemble ils ne sont rien d’autre.
Pour une raison qu’il ne comprend pas, il est très à l’aise avec elle. Il lui parle de son amour du dessin. Elle parle de ces moments simples de l’enfance qui la touchaient au coeur. Ils philosophent un peu. Elle lui dit qu’elle déteste son travail. Il lui dit qu’il est un criminel en sursis. Ils se promettent de tout faire pour en sortir. Il se fixent rendez-vous dans six mois: se retrouver au vieux port de Montréal pour communier ensemble, seuls, en secret.
Ils reviennent tous deux dans leur réalité. On voit par scènes successives comment cette rencontre altère leurs vies. Elle se met à planifier un voyage, elle rêve de connaître des gens différents, d’origines diverses qui ne la jugent pas comme ses patrons. Il rêve de devenir contemplatif et d’écrire. Ils abandonnent tous deux une couche de leur carapace. Lui plaide coupable, elle choisit de lâcher le travail.
Le film les conduit à la porte de leurs rêves. Lui vit à Paris comme Hemingway, mais réalise que tout ce qu’il veut est la tranquillité, être auteur il s’en fout. Elle est devant une montagne au Pérou et réalise que ce qu’elle veut vraiment c’est de goûter la beauté du monde, l’acceptation des autres sera toujours fade dans sa bouche. On termine par un plan d’elle seule au vieux port. Elle l’attend ou elle l’a trouvé? Nul ne sait.